L’action se passe en 1882, devant les portes de la bibliothèque de l’Institut. Monsieur Henry, un professeur anglais en voyage à Paris s’apprête à commettre une action à faire frissonner un pingouin : dans quelques instants, il franchira le seuil de la bibliothèque avec son cigare encore fumant.
Arrêtons-là la description de cet horrible événement et reportons nous au règlement et pour être plus précis à l’article 12 qui stipule :
Nous remarquerons la précision toute d’époque de l’article 12. Non seulement il est défendu de fumer dans la Bibliothèque (avec un B majuscule s’il vous plaît), mais il également interdit d’y entrer avec un cigare ou une cigarette allumés. C’est pas bête parce qu’aujourd’hui avec notre nouvelle interdiction :
Il est interdit de fumer certes, mais pas d’entrer avec l’objet allumé. Je pourrai donc sans risque entrer à la bibliothèque de l’Institut aujourd’hui avec le cylindre de la discorde en arguant que : je ne le fume pas monsieur, j’vous jure !
Comme vous l’aurez compris, cet article s’intéresse au règlement intérieur de la bibliothèque de l’institut de 1882 que j’ai déniché sur Gallica. Je me suis rendu compte qu’à part le ton, les choses n’avaient guère changé depuis presque 150 ans. La bibliothèque fut et demeure une terre de droit.
Par exemple, ne comptez pas subtiliser un livre à cette époque, une lettre vous sera envoyée !
Mais j’exagère un peu lorsque j’affirme que rien n’a changé. Penchons nous sur les règles d’inscriptions. Pour être introduit dans le lieu il faut être présenté par deux membres de l’Institut. Si si ! C’est écrit ici :
Ca fait un peu admission franc-maçonnique. On imagine facilement la cérémonie de remise de carte de lecteur en robe de la loge des usagers de l’institut, avec des chants qui résonne entre les rayonnages. Je jure de ne jamais remettre un livre en retard (ou une lettre me sera remise), de ne pas trahir l’interdiction de fumer, et de bien utiliser le photocopieur… Quand il sera inventé.
On trouve d’autres choses amusantes dans le règlement intérieur. :
On peut se dessaisir des clés la bibliothèque en cas de “travail urgent intéressant”, pas plus de précision sur la nature de l’urgence ou la dimension intéressante du travail (ce qui inclut qu’il y a dans la journée du bibliothécaire des choses peu intéressantes à faire, du coup il faut garder les clés pour se donner de la consistance.) Sans oublier l’alinéa 3° qui ferait un bon début de film érotique… Je n’en dis pas plus.
Je vous laisse découvrir l’intégralité du texte ici,
Franchement ça vaut le détour !